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Toc ! Toc ! Toc ! Le rideau se lève ...

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30 novembre 2007

Service des objets trouvés - Scène 4

La préposée - Mr Langlois

Un temps se passe puis retour de Langlois, le costard défait, le visage tuméfié

Mr Langlois
J’étais en train de porter plainte, quand, tenez vous bien, un type m’a sauté dessus et m’a volé mon portefeuille après m’avoir molesté !

La préposée
Ah bon ?

Mr Langlois
J’ai du refaire ma plainte ! pour perte de portefeuille, suite à un vol ...

La préposée
Bien sur !

Mr Langlois
Et je viens voir si on ne vous l’avait pas amené. Les voleurs, ça ne s’intéresse pas aux papiers, c’est l’argent qui les motive... Alors peut-être ?

La préposée
Quand je le disais ...

Mr Chapougnot
Quoi ?

La préposée
... Que l’on pouvait trouver un objet avant de l’avoir perdu !

Rideau

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30 novembre 2007

Service des objets trouvés - Scène 3

La préposée - Mr Chapougnot

Retour de Monsieur Chapougnot

La préposée (le dévisageant)
Je vous ai déjà vu vous...

Mr Chapougnot
Je... suis déjà passé, mais je m’étais trompé de bureau... Vous êtes bien le bureau des objets per... trouvés.

La préposée
Tout à fait, que puis-je pour votre service ?

Mr Chapougnot
Je viens voir si on n’aurait pas trouvé un portefeuille en cuir rouge. 

La préposée
Ah si, il n’y a pas cinq minutes...

Mr Chapougnot
Ah bon ! Et où est-il ? ( il regarde sur la table )

La préposée
Vous ne le trouverez pas ici, il est dans le bureau des plaintes...

Mr Chapougnot
Dans le bureau des plaintes ? Mais que fait-il là bas ?

La préposée
Mais je ne sais pas, Monsieur, je ne sais pas ! Allez le lui demander...

Mr Chapougnot
Mais ...

La préposée
Allez, allez...

Elle lui montre la porte. Il ressort encore bien penaud.

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30 novembre 2007

Service des objets trouvés - Scène 2

La préposée - Mr Langlois

Entre un homme

Mr Langlois
Bonjour Madame ... Service des objets trouvés ? ...

La préposée
Tout à fait. Que désirez vous ?

Mr Langlois
Je désire retrouver mes papiers.

La préposée
Vous les avez perdus ?

Mr Langlois
Non, pourquoi? C’est nécessaire ?

La préposée
Absolument pas. Une question, comme ça, en passant... Je suis très curieuse!

Mr Langlois (avisant les portefeuilles sur la table)
Oh, là ! C’est exactement celui qu’il me faut, avec ma couleur préférée qui plus est ! (il se saisit d’un portefeuille rouge)

La préposée
Bravo, félicitations ! Votre choix est arrêté? Bon, je vais vous faire remplir un formulaire.

(elle met une feuille dans la machine à écrire)
Mr Langlois
Monsieur Langlois, né le 26 Juin 1960 à Bécons les bruyères, habitant au 36 rue des petits champs à Paris 1er ...

La préposée
(surprise, mais qui tape les renseignements) Holà, holà, pas si vite. Je ne vous ai encore rien demandé ...

Mr Langlois
Je le sais, mais je connais la démarche. Ce n’est pas la première fois que je viens retrouver mes papiers !

La préposée
Ah, bien. Pouvez vous me décrire l’objet que vous avez retrouvé ?

Mr Langlois
Oui, bien sur! Il s’agit d’un portefeuille en cuir ... ( un temps où il détaille le portefeuille ) rouge ... contenant ( il l’ouvre et sort son contenu ),  contenant une carte bleue, une carte téléphone, et des papiers d’identité au nom de ... Maurice Chapougnot. Ah, il y a aussi 100 Euros en liquide.

La préposée (qui a continué à frapper)
100 Euros... Il ne vous manque rien ? C’est important de vérifier... Ce n’est pas une fois parti qu’il faudra venir pleurer ....

Mr Langlois
Merci de me prévenir. Attendez que je regarde. Oh !...

La préposée
Oui ?

Mr Langlois
Il me manque 50 Euros ! Oh les voleurs ! 

La préposée
Quand je vous disais ...

Mr Langlois
Mais je vais porter plainte, ça ne va pas traîner...   

La préposée
C’est le bureau d’à coté.

Mr Langlois
Au revoir, Madame. Et merci encore.

Il sort

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30 novembre 2007

Service des objets trouvés - Scène 1

Comédie en un acte

Les personnages :
Mr Chapougnot
Mr Langlois
La préposée

La préposée - Mr Chapougnot

La préposée
Non, vous êtes ici aux objets trouvés ...

Mr Chapougnot
C’est la même chose ...

La préposée
Pas du tout jeune homme ... Ici, nous ne recevons que des objets trouvés. Ce qui ne veut pas dire nécessairement qu’ils ont été perdus. Nuance! D’ailleurs, rien ne nous prouve qu’ils aient été perdus avant d’être trouvés!

Mr Chapougnot
Oui, hé bien moi, je viens vous dire que j’ai perdu mes papiers d’identité, et que je me rends ici pour savoir ...

La préposée
Holà, je vous arrête ! Vous êtes sourd ou quoi ? Les papiers qu’on a ici ne sont que des papiers trouvés. Alors, ( lui indiquant la porte) au revoir!

Mr Chapougnot se retire bien  penaud

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La scène se passe dans un bureau où se trouve une table avec des  objets divers et variés. Au bureau une fonctionnaire qui remplit des papiers. Entre un homme.

Mr Chapougnot
Bonjour Madame ... Service des objets perdus ? ...

30 novembre 2007

La clause 45-6

Comédie en un acte

Les personnages :
Un Responsable de Service
Mr Chapougnot

La scène se passe dans un bureau d’entreprise.
La responsable est assise à son bureau, la tête dans ses dossiers. Un fauteuil est en face du bureau.
Elle écrit. On frappe ... La femme  ne répond pas et semble ne pas avoir entendu.
On frappe à nouveau. Elle répond enfin mais sans lever le nez de ses dossiers.

La responsable
Entrez ... (Une personne entre timidement il est pieds nus.) ... et asseyez vous.

Personne ne dit mot pendant un certain temps.
La responsable
Alors, dîtes moi ce qui vous amène ?

Chapougnot
C’est très simple, pourtant ça me gêne un peu ...

La responsable
Allons, je vous écoute et parlez sans crainte.

Chapougnot
C’est que ... c ‘est assez délicat ...

La chef de service relève la tête de ses dossiers.
La responsable
A ce point ? ... Que se passe t-il ?

Chapougnot
Je vais vous expliquer ... Après le repas de midi, j’ai l’habitude de faire une petite pause avant de reprendre le boulot... Oh pas très longue ! Mais c’est une vieille habitude ... Mais pour bien comprendre, je dois remonter à midi : Aujourd’hui, la cantine proposait un menu amélioré, alors, avec les copains,  on a pris une bonne bouteille pour accompagner le repas. Ne croyez pas que c’est régulier... Le Beaujolais nouveau venait d’arriver, alors ...

La responsable
Au fait, Monsieur, au fait ...

Chapougnot
J’y viens ... On a donc bu un peu plus que d’habitude, mais vous savez, c’est surtout Victor qui a voulu qu’on prenne une seconde bouteille ! Parce que s’il n’avait pas insisté, Ernest n’aurait jamais insisté pour en commander une troisième !...

La responsable
Oh De grâce ! Ne me passez pas toutes vos bouteilles en revue ! Abrégez, abrégez s’il vous plaît ...

Chapougnot
Excusez moi de vous déranger, mais c’était pour me faire comprendre ...

La responsable
Soit, mais je n’ai pas que cela à faire, alors faites bref, je vous prie ...

Chapougnot
Bien Madame ... Donc, après le repas, quand je suis rentré au bureau pour ma petite pause, j’étais un peucomment dire ? ...

La responsable
“ somnolent ” ne serait pas le terme approprié ?

Chapougnot
C’est cela ... c’est exactement cela ! vous me comprenez ? après l'apéritif, le repas, le beaujolais, le pousse-café, ...

La responsable (excédée)
Mais où voulez vous en venir, Monsieur ? Au fait, au fait ...

Chapougnot
Donc ... je me suis assoupi ...

(Silence - un temps)
La responsable
... assoupi ... oui ... Mais pourquoi venez vous me dire cela à moi ? (de plus en plus énervée) En quoi suis-je concernée par votre effort méritoire pour consommer nos crus nationaux  et faire honneur à notre cantine ? En quoi la responsable du service administratif doit elle s’intéresser à votre digestion difficile ? Bref, à quel titre cela me regarde-t-il ?

Chapougnot
C’est pourtant simple, Madame ... Votre service est bien chargé des assurances ? Des déclarations d’accident du travail ? Des vols de papier d’identité ?

La responsable
Soit ... Qu’est-ce que cela a à voir ?

Chapougnot
Cela a à  voir que pendant que je somnolais, on m’a volé mes chaussures !

La responsable
Vos chaussures ?

Chapougnot ( posant ses pieds nus sur la table )
Parfaitement, constatez par vous-même, si vous ne me croyez pas !

La responsable (se penchant sur le pieds)
Oui, c’est indéniable ... pas de trace de chaussures ... et ... les chaussettes aussi ?

Chapougnot
Ah, j’avoue que l’idée m’a traversé l’esprit de les déclarer avec le vol de chaussures, mais je suis d’une famille honnête, moi  Madame, et j’ai ma fierté : je ne portais pas de chaussettes aujourd’hui.

La responsable
Vol de chaussures, c’est incroyable !

Chapougnot
  N’est-ce pas !

La responsable
Oui... Mais qui me dit qu’il s’agit bien d’un vol, et que vous ne les avez pas perdues sans vous en apercevoir ?

Chapougnot
Ah non ! J’ai bien pensé effectivement à un oubli de ma part mais j’ai cherché partout dans le bureau, sans mettre la main dessus  ... On me les a volées, j’en mets ma main à couper ...

La responsable
Soit, soit... De toute façon, ce n’est pas mon problème ... Mon travail consiste uniquement à prendre les déclarations, alors ... (elle  prend une feuille qu’il met dans sa machine à écrire ) Nom, prénom, adresse, date de naissance  ...

Chapougnot
Chapougnot, Maurice, 20 rue des bruyères, Paris, né à Honfleur le 12 Juin 1952 ... (un temps) Vous savez, ce n’est pas tant leur valeur mais j’y étais attaché ...

La responsable (qui n’a pas entendu la fin de la phrase, occupée à frapper)
Comment ?

Chapougnot
Oui, je disais que j’y étais attaché , ... à mes chaussures. Un souvenir de famille.

La responsable
Ah oui  ?... Pouvez vous me décrire l’objet du vol ?

Chapougnot
Mes chaussures ? Oh, c’était des escarpins vernis tout ce qu’il y a de plus simples ...

La responsable
Des quoi ?

Chapougnot
Des escarpins, pourquoi ? Je vous ai expliqué que c’était un souvenir de famille ! Ceux là même que portait notre ancêtre bourguignon, Louis Valdemar Chapouignot de la Berguandaille au moment de sa mort... fauché en pleine gloire par un boulet lors de la bataille de Marignan en 1500 et des brouettes ... La victoire était pourtant à portée de mains, mais par un coup du sort ...

La responsable
Arrêtez, cela suffit! Après votre Beaujolais, ne ramenez pas votre ancêtre de Bourgogne, je vous prie  ! Ne sortons pas de nos chaussures !  Quelle taille ?

Chapougnot
Un mètre quatre-vingt, un bel homme...

La responsable
Non ! Les chaussures! Je vous demande leur pointure!

Chapougnot
Ah ! ... C’était du 20, je crois ...

La responsable
du 20 ?

Chapougnot
Oui, du 20 pouces.  Cela vous étonne ?  Je viens de vous dire que c’était un grand homme, Louis Valdemar Chapouignot de la Berguandaille ... Tenez, je vais vous raconter comment dans le Bordelais, il a du fuir, caché parmi un troupeau de vaches ...

La responsable
Ah, assez ! Cela suffit avec vos histoires bourguignonnes ,bordelaises ou je ne sais quoi encore! Revenons à vos moutonsenfin..., nos chaussures !

Chapougnot
Bien et que voulez-vous savoir ?

La responsable (de plus en plus excédée)
Tout d’abord ne s’agit-il pas d’un oubli ? Qu’est-ce qui me prouve que vous les aviez sur vous en arrivant au travail ce matin ? Hein ? Qu’est-ce qui me l’assure ?

Chapougnot
Vous ! (étonnement muet de la responsable) Eh bien, vous êtes bien assureur, non ?

La responsable
Oh, ne jouez donc pas sur les mots, je me demandais simplement si vous aviez réellement toute votre tête ce matin et ...

Chapougnot
Ah, mais je ne vous permet pas ! Dites tout de suite que je suis à coté de mes pompes tant que vous y êtes.

La responsable
Ce n’est pas ce que ...

Chapougnot
C’est ce que vous pensez et je n’apprécie pas...

La responsable
Bon, bon ne vous énervez pas ... je finis de remplir votre déclaration, et je vous libère ...

(La responsable se remet à son formulaire pour le terminer.- Chapougnot se penche sur son épaule pour lire ce qui est frappé. La responsable est plutôt excédée de sentir une présence au dessus de lui, mais elle n’ose rien dire. Après avoir fini de le dactylographier, elle le tend sèchement à Chapougnot.)
La responsable
Si vous voulez signer en bas après avoir mentionné “ lu et approuvé le  ”  suivi de la date.

(Chapougnot prend le formulaire, le lit rapidement et le signe, puis la responsable range le formulaire après avoir donné un double Il se passe alors un moment de silence que la responsable rompt finalement)
La responsable
Vous désirez quelque chose d’autre?

Chapougnot (sur le ton de l’évidence)
Hé bien, oui !

La responsable
Oui ?

Chapougnot
L’application de la clause, pardi !

La responsable
Quelle clause ?

Chapougnot
La clause 45-6, paragraphe B, alinéa e de mon contrat d’assurance (il sort un papier froissé de sa poche et lit)
nin nin nin ... Ah! voilà : “ dans le cas où son moyen de locomotion habituel serait indisponible, notre société s’engage à le lui remplacer sous les deux heures et passé ce délai, à défaut de remplacement, il sera versé à l'assuré 50 francs par heure écoulée prorata tempis  ...   ”  (il regarde sa montre) Il est trois heures dix et je me suis aperçu du vol à 13h 00. Donc depuis dix minutes, vous me devez environ 8 francs.

La responsable
Quoi ?

Chapougnot
Allons, ne vous inquiétez pas, je plaisantais ! Je ne ferai pas jouer la clause ...

La responsable
Pardon  ...

Chapougnot
... si vous me trouvez un autre moyen de locomotion ...

La responsable
De locomotion ? mais le contrat assure les voitures, pas les chaussures !...

Chapougnot
Ah permettez ! A aucun endroit le contrat ne stipule le mot voiture! Or, vous conviendrez avec moi que sans chaussures je suis bel et bien privé de moyen de locomotion ...

La responsable
Ah, mais ...

Chapougnot
Soit, je vous concède que je peux me déplacer à l’intérieur de l’entreprise, puisque je suis en face de vous ! Ah! Ah! Ah!

La responsable
Ah, mais ...

Chapougnot
Oui, vous faites bien de le dire “ Ah, mais ”, car il y a bien “ Ah mais! ” Ah, mais ... (un temps) comment je me déplace, moi pour réintégrer mes pénates? Hein ? Je vous le demande ?

La responsable
Comment voulez vous ....

Chapougnot (l'interrompant)
Je vais vous aider : Je n'utilise pas ma voiture ... Alors ?

La responsable
Je ne sais pas... Peut-être,  je dirais que vous venez au travail en prenant les transports en commun ?

Chapougnot
Dans le mille, Emileeuh ... (se reprenant) avec tout le respect que je vous dois Madame ... Je prends le métro! Et comment je m’y rends à ce fameux métro, comment?

La responsable
- Eh bien ... (petite voix) à ... pieds, je suppose ?

Chapougnot
Encore gagné! A pieds, le mot est lâché ! donc je me meus à pieds, et sans pieds je ne me meus plus ! Ou, plus exactement, sans chaussures  je me meus, soit, mais pieds nus! à travers les rues de Paris ! Au risque de marcher sur des peaux de banane, des vieux mouchoirs usagés, des morceaux de verre acérés , sur des malabars gluants ...

La responsable
Non arrêtez, vous êtes dégouttant!

Chapougnot
... dans du pipi de chat, des crottes de chien plus ou moins fraîches, des  ...

La responsable (criant)
Assez, je vous dis! Assez !

Chapougnot
Bon, mais expliquez moi comment je fais ?

La responsable (désespérée)
Mais je ne sais pas moi, je ne sais pas ...

Chapougnot
Allons, ne vous mettez pas martel en tête, on peut trouver une solution ...

(un temps de silence où ils réfléchissent)
Chapougnot
Une question me vient ...

La responsable
Oui ?

Chapougnot
Vous vous déplacez comment pour venir travailler  ?

La responsable
En voiture, pourquoi ?

Chapougnot
Bien ... Ca ne vous dérangerait donc pas trop de ...(un temps)

La responsable
De ?...

Chapougnot
De ... conduire pieds nus ...

La responsable
Hein ? Ah! non! Il n’en est pas question !

Chapougnot
Tttttt! Voulez vous que je vous parle encore des trottoirs de Paris, des sacs poubelles éventrés d’où s’échappent des tas d’immondices comme ...

La responsable
Non, non, non ! Ca va comme ça, j’ai compris ! (elle se déchausse rapidement)

Chapougnot
Je savais bien que vous trouveriez une solution ... (Chapougnot met les chaussures qui sont trop grandes  pour lui). Dites donc, vous avez l’air de vivre sur un grand pied , vous!

La responsable
Je vous en prie, épargnez moi vos sarcasmes!

Chapougnot
Et ce ne sont pas des escarpins : je pourrais faire jouer la clause 45-6 tiret C qui prévoit un remplacement à l’identique ...

La responsable
Co .. Comment ?

Chapougnot
... mais je suis dans un bon jour, je vous en fais cadeau ! Et puis, vous m’êtes tellement sympathique ! D’une solidarité tout à fait exemplaire lorsqu’un collègue est dans le besoin ! Ah, je crois que vous vous seriez bien entendu avec mon ancêtre Louis Valdemar  Chapouignot de la Berguandaille ...
(il s’assied cavalièrement sur le bureau)
Tenez, comme j’ai un peu de temps, je vais vous raconter ce qui lui est arrivé en 1722 lorsque la marquise Louise De la Chenaudière, une amie d’enfance s’est trouvée ... (dernière phrase en decrescendo)

(Rideau)

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30 novembre 2007

A vot'bon coeur ...

Dialogue

Les personnages :

Sophie-Charlotte
Maurice
( des passants )

Le décor représente une rue. Un couple de clochards, lui " stylé ". Elle, arpente la rue en long en large et en travers. Lui est assis et lit. A coté, posée au sol, un sac quelconque et une grosse serviette en cuir. Elle, est debout, une tasse à la main.

Sophie-Charlotte ( ayant aperçue un passant,  elle  tend  la tasse et traverse la scène en le suivant  )
S'il vous plaît, m'sieurs dames ... Nous sommes à la rue sans travail depuis trois mois et n'avons pas de quoi manger. Nous ne demandons pas grand chose, rien qu'une petite pièce ou un ticket restaurant ... A vot' bon cœur ... ( elle s'arrête, le passant ayant disparu - un temps )

Sophie-Charlotte ( un nouveau passant arrive - elle le suit en traversant à nouveau la scène mais en sen inverse - toujours tendant la tasse )
S'il vous plaît, m'sieurs dames ... Nous sommes à la rue sans travail depuis trois mois et n'avons pas de quoi manger. Nous ne demandons pas grand chose, rien qu'une  ...( elle s'arrête, le passant ayant disparu - un temps où elle le regarde s'éloigner, la tasse tendue ) Espèce de corne cul ! ( pendant son injure, quelqu'un lui a mis une pièce dans la tasse ) Oh merci bien ! Bonne journée ! (elle suit la personne un temps puis regarde l'aumône ) Cinquante centimes ! Non, mais on se fout de nous ! ( elle se dirige vers l'homme assis ) Hé, Momo, t'as vu cet aigrefiin ? Non, mais quel hypocrite ! ( voyant Momo assis ) Et toi tu dis rien ! T'es là, comme un légume, à attendre que ça se passe ... ( un temps ) Qu'est-ce tu fais ?

Maurice (toujours continuant à lire )
Je lis ...

Sophie-Charlotte
Tu lis ! Non mais je rêve ! Tu pourrais pas te bouger un peu, si tu crois que ça va nous tomber tout cru dans le bec. Allez, bouge tes fesses. ( un temps ) Qu'est-ce tu lis ?

Maurice
Kant ... Critique de la raison pure ...

Sophie-Charlotte
Kant ?

Maurice
Un philosophe allemand. Qui a ramené l'ensemble des pouvoirs de l'esprit aux trois domaines : le pouvoir de connaître, le pouvoir de désirer et les sentiments de plaisir et de déplaisir.

Sophie-Charlotte
Ouais, ben critique ou pas, coté déplaisir, j'ai le sentiment de me faire rouler ! alors tu vas t'activer et me donner un coup de main. (un temps ) Allez, bouge toi les miches ! ( elle lui prend le livre des mains )

Maurice
Eh, prenez garde, c'est un in-quarto ! inestimable ( il lui reprend le livre qu'il range méticuleusement )

Sophie-Charlotte
In-quarto ! In quarto ! Et ça ( lui montrant sa main, prête à frapper)  c'est ma giroflée à cinq branches ! Alors, tu " mouves " et en vitesse. ( elle lui donne la tasse )

Maurice ( il se lève de mauvaise grâce )
Oh, Sophie-Charlotte, ne vous  fâchez pas ...

Sophie-Charlotte ( s'asseyant )
A toi de jouer, que je voie comment tu te débrouilles ...

Maurice ( il arpente la rue, un peu mal à l'aise - des passants arrivent )
Mesdames, mesdemoiselles, messieurs. Veuillez m'ouïr un court instant : Actuellement dépourvus de domicile et de quelque ressource pécuniaire qui permettrait de nous sustenter, nous sommes en quête d'une activité rémunératrice depuis le début du trimestre. Nous vous serions extrêmement obligés si vous aviez l'amabilité de nous céder quelque menu piécette ou coupon permettant de régler la facture d'une table d'hôte. Encore merci par avance. ( un temps où il attend immobile - puis il se retourne vers la femme ) Cela ne semble pas donner les résultats escomptés ...

Sophie-Charlotte ( hilare )
Et ça t 'étonne ?

Maurice
Euh ... Je ne sais pas ...  ( un temps ) Peut-être le quartier n'est  pas propice à ce genre d'activités ?

Sophie-Charlotte
Pas propice, pas propice ... Et qui a voulu changer de secteur ?

Maurice
Oui, bon, vous n'allez pas remettre le couvert Sophie-charlotte.

Sophie-Charlotte
Le couvert ! Tu as de ces mots ! N'empêche qu'avec tes principes, tu vois où ça nous mène ! Alors qu'on était tranquille, peinard, avec des horaires réguliers : 18 - 19 heures les jours de semaine, 19 heures 20 heures 30 les samedis . On pouvait même se payer des grasses mat' !

Maurice
Sophie-Charlotte, vous savez parfaitement que je ne peux transiger avec mes convictions.

Sophie-Charlotte
Ouais, bien sur ! Ton indécrottable puritanisme religieux à la mord moi le noeud !  Jamais j'aurais du t'écouter.

Maurice
Je conviens parfaitement que ce point est un sujet de discorde entre nous. Mais il m'est impossible de renier les enseignements inculqués par ma famille. Et faire l'aumône aux portes des églises est au dessus de mes forces.

Sophie-Charlotte
Oh, pauvre biquet !

Maurice
Ne vous gaussez pas Sophie-Charlotte. J'aperçois d'ici les mânes de mes ancêtres, horrifiés par cet acte. M'imaginez vous, lors de mon décès,  prendre place dans le caveau de famille sans que le rouge de la honte ne me monte au front ? ( il frisonne à cette idée ) Brrr !  Je les vois, là, dans leur tombeau, se retournant tous d'un seul bloc !

Sophie-Charlotte
Fous donc la paix à tes ancêtres, tu vas me faire chialer ! Et à propos de se retourner, retourne donc au turbin !

Maurice
Je constate encore une fois que nous ne serons jamais d'accord. Cela me navre sincèrement, je vous le dis comme je le ressens, Sophie Charlotte !

Sophie-Charlotte
Eh, arrête tes éculubra ...tes ébrulucu ... euh tes délires. ! Et magne toi, je commence à avoir la dalle ! ( elle prend par curiosité le livre sur Kant )

Maurice ( il arpente à nouveau la rue)
Mesdames, mesdemoiselles, messieurs. Veuillez m'ouïr un court instant : Actuellement dépourvus de domicile  ... ( Sophie l'interrompt )

Sophie-Charlotte
Oh, Momo ! Tu vas pas encore nous dégoiser tout ton laïus  ! Abrège, résume, va à l'essentiel ! Tiens, attend, ça ira plus vite : t'as de quoi écrire ?

Maurice
Oui, dans ma besace. ( il fouille dans son sac et en retire une plume d'oie énorme, un encrier et un parchemin )

Sophie-Charlotte
Qu'est ce que c'est que ces trucs ?

Maurice
Mes accessoires calligraphiques ...

Sophie-Charlotte ( regardant les objets )
Toi, t'es vraiment trop ! Bon, on va faire avec ... ( ils s'assoient - ils sont de dos - et elle écrit.  Puis elle lui donne le texte )

Maurice ( il le lit puis ... )
Un peu familier, ne pensez vous pas ?

Sophie-Charlotte
Oh, eh ! C'est pas ton discours d'entrée à l'académie tout de même. Et puis, je te signale qu'il est presque midi et  y'a urgence si on veut becqueter. ( pendant qu'ils discutent, un passant leur a mis une pièce dans la tasse. Au bruit de la pièce, ils se retournent et regarde au fond de la tasse ) Dix balles ! On s'est pas foutu de nous ... ( au passant qui a disparu ) Merci bien, m'sieur ! Bonjour à vot' dame ! Allez, Momo, faut battre le fer tant qu'il est chaud. ( elle le pousse pour qu'il se lève )

Maurice ( Il arpente la rue, d'abord sans rien dire, puis il prend son texte qu'il lit )
S'il vous plaît, m'sieurs dames. C'est. la dèche, nous sommes à la rue et nous avons faim... A vot' bon  cœur... ( Un temps - il repart dans l'autre sens ) S'il vous plaît, m'sieurs dames. C'est. la dèche, nous sommes à la rue et nous avons faim... A vot' bon  cœur... ( Un temps - même jeu que précédemment ) S'il vous plaît, m'sieurs dames. C'est. la dèche ... ( il aperçoit quelqu'un qui l'appelle ) Comment ? ( un temps )  Vous désirez vous entretenir avec moi ? ( il se recule vers Sophie-Charlotte, tout en regardant la personne qui l'a interpellé ) Un instant s'il vous plaît ... ( à voix basse ) Sophie ( elle ne l'entend pas, plongée dans sa lecture - plus fort ...) Sophie-Charlotte ...

Sophie-Charlotte
Ho, tu ne vois pas que je lis ...

Maurice
Il  y a un individu louche qui semble vouloir s'entretenir  avec  moi  ...

Sophie-Charlotte ( toujours dans son livre )
Hmmm ...

Maurice
Sophie ... Il insiste ... ( à l'inconnu ) Oui, oui, tout de suite ...  ( à Sophie ) Qu'est-ce que je dois faire ? ( relevant la tête, Sophie dévisage Maurice. Celui-ci lui fait signe de la tête, indiquant le personnage qui l'appelle ) Il insiste pesamment ...

Sophie-Charlotte
Hé bien, qu'est-ce t'attends ? Vas y ! (elle se replonge dans son livre )

Maurice
Bien ... ( il obtempère avec crainte ) Bien ... ( il sort de scène )

Un temps se passe - Sophie-Charlotte continue à lire - de temps en temps elle rit.
Sophie-Charlotte
Pfff ! ( un temps ) Oh non ... ( un temps ) C'est pas possible ! ( elle rigole ) Ah, il est trop ce type ...

Maurice revient, un papier à la main.
Sophie-Charlotte
Ah t'es revenu ! Alors, qu'est-ce qu'il te voulait ce gugusse ?

Maurice
Euh ... Je ne sais pas. Il m'a juste donné ça.

Sophie-Charlotte
Un billet ?

Maurice
Non, c'est un papier  ...

Sophie-Charlotte
Ç'aurait été trop beau ! Fais voir ?

Maurice lui tend le papier - Sophie le lit
Sophie-Charlotte ( ayant fini de lire s'adressant à Maurice )
Kant, ce philosophe immense, dans sa très grande sagesse a dit : " il ne faut rien accepter sans examen ... ". Bien ! Il a aussi dit : " Il faut regarder tout de ses propres yeux et examiner tout jusqu'au fond ...  " Donc, j'examine à fond ...

Elle regarde à nouveau le papier, puis le plie et le met dans sa poche. Enfin, elle se lève, range calmement toutes leurs affaires, prend son sac et donne l'autre à Maurice.
Sophie-Charlotte
Ce papier : c'est une convocation au poste de police pour mendicité interdite, avec amende à la clé ... Alors,  suivant en cela les préceptes de Kant qui a aussi dit : " Ne tenez jamais compte d'aucune autorité qu'elle qu'elle soit ... " ( elle saisit brutalement Maurice par la manche et l'entraîne ) ... ON DECARRE, ET FISSA ! ( ils disparaissent en courant, alors qu'on entend des coups de sifflets )

Sophie-Charlotte ( en voix off - decrescendo )
Finalement, ton Kant, Il a pas dit que des conneries !

( Rideau )

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30 novembre 2007

Ca va ?

Monologue

J'arrive  à  la  répet,  et il me dit comme ça : " Allez, commence à     ' Va ... ' ".  Alors moi, poli, je lui réponds : " Ca va ... ".

Et là il me fait : " Non c'est pas ça !  Recommence ! ".
Alors moi, bonne poire, je répète - d'ailleurs j'étais là pour ça -  : " Ca va ! ".

Alors, tiens toi , il me fait : " Ah non, ça va pas ! "

Comment il le savait ? Je lui ai demandé : " Comment le sais tu ? " C'est vrai, ça : Il se gourait, ça allait très bien : la veille, au boulot, mon patron m'avait convoqué pour me féliciter et me proposer une augmentation ! Faut dire que sur l'affaire Chapougnot j'avais fait fort et que ... Bon , je sais, c'est pas le problème ...

Donc, je lui dis : " Comment le sais tu ? ".
" Comment je sais quoi ? " qu'il me répond.
Je lui explique : Chapougnot, le contrat signé, les retombées ... Bon c'est pas le problème.

Alors là il a commencé à s'énerver : " Bon, ça va, ça va ... On recommence tout ...  et cette fois commence à  ' Va ...' ".
Alors moi : " Je te l'ai déjà dit, ça va très bien ! "

Il est devenu tout rouge : " Mais non ! C'est pas ' Ca va ... ' C'est  : ' Va ... ' " Commence quand Albert dit : " Va, il n'est pas si austère ".

Je connaissais pas bien mon texte, c'est vrai mais ce qu'il disait ne ressemblait à rien ... Oh, je m'en foutais, c'était lui le metteur en scène, hein ? Alors j'ai fait  ce qu'il voulait - en y mettant le ton : " Vahiné, patio, stère ... "

Il a dit " Comment ? ".
Je pense que je ne devais pas bien articuler. Alors j'ai recommencé, en détachant bien les mots et en parlant très fort : " Vahiné ! Patio ! Stère ! "

Rouge comme une pivoine qu'il était ... Il a prononcé une suite de borborygmes incompréhensibles.
Je voulais comprendre, alors j'ai dit : " Quoi ? ".

Je crois que là, il a gueulé " Comment ça : ' Quoi ? ' ".

J'ai alors compris ce qu'il voulait. C'était une partie du texte que je connaissais bien, coup de bol ! D'une traite, je lui ai dit "Quoi qu'on fasse, quoi qu'on dise, quoi qu'on pense, quoi qu'on, quoi qu'on, quoi qu'on ... ' Euh ... Là, je crois que j'ai eu un trou ... un je ne sais quoi qui manquait. De toute façon , il m'aurait pas laissé aller plus loin.

" Toi, tu commences à m'énerver ! ". A ce moment, il était vraiment colère Moi, ça m'a fait rigoler Y'avait pas de phrase comme ça dans le texte ! Ben, t'as déjà entendu un truc qui commence par : " Ménerver " ? C'est ce que je lui ai dit mais ça l'a pas calmé ...

Là, je te jure, il a failli péter les plombs.

(rideau)

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30 novembre 2007

Sketch

Monologue

Pour écrire un sketch, oh là là !  Faut être inspiré dit-on .... Moi, je serais plutôt un type du genre expiré, si vous voyez. ... Style "has been", quoi ... Et quand je propose quelque chose, on me dit toujours de repasser ...

Bon, je ne me dégonfle pas, je reprends mon sketch, hop je te le mets dans une chemise et un coup de fer ... ou deux ... ou plus ... ça dépend ... Mais là j'y vais fort, je vous dis pas les coups que mon texte prend ... Je cogne, je frappe, j'écrabouille ... de la charpie ... méconnaissable ...

C'est efficace et ça défoule !

Puis je regroupe les lambeaux de texte que je hache menu, menu. Et quand je dis menu, c'est vraiment menu, à la limite de l'infinitésimal ...  Et même la  limite, je suis pas sur.

Est-ce que c'est efficace, est-ce que ça défoule, je ne peux l'affirmer. Mais microscopique, ça oui !

Après, je les re-repasse dans un filtre spécial  pour ôter l'amertume -  de l'échec bien sur -  j'ajoute quelques épices sous forme d'histoires salées, je fais bouillir le tout à la sueur de mon indignation, je laisse refroidir - ça doit se consommer froid, comme la vengeance - et je laisse sécher.

Là, c'est efficace - même si ça défoule moins ...

Mais à partir de maintenant, attention, c'est le moment délicat : car pour bien sécher, je dois faire le vide total en moi - Zen de chez zen,  à fond les manettes - être en manque total d'inspiration autrement ça ne marche pas. Normalement, si tout se passe bien, un léger dépôt de l'œuvre doit se former.  Et si ça rate, tout est à jeter.

Là, y a deux possibilités : Ou j'ai tout jeté et on va pas passer le réveillon là dessus - ni Pâques - ni le quatorze Juillet ni ... ni aucune des fêtes du calendrier ... non ! on en reste là, je salue,  je sors et bye-bye, tchao, arivederci, aufwidersehen ! (un temps)

Ou alors, hypothèse plus intéressante, y a un dépôt ! Pas de pain évidemment. Ou si ça arrive ... (un temps) non, ça ne peut pas arriver ... (un temps) ou si ça arrive, c'est que je n'ai pas été efficace et je dois trouver autre chose pour me défouler ...

Bon, on va dire que j'ai été efficace et qu'il y a un dépôt ...
Je le garde et je balance tout le reste. Ou je le donne à mon chat - ou à mon poisson rouge - ou à ma belle-mère ou pas - selon l'inspiration - ou son manque - ... d'inspiration, pas de belle-mère ...

Je laisse reposer quelques jours au fond de mon lit - la nuit porte conseil. Au bout de six sept jours ou  une semaine à tout casser, je prends mon dépôt sous le bras et je retourne voir ces connards qui m'ont refusé mon chef d'œuvre pour le leur foutre à la gueule.

C'est pas efficace, mais ça défoule !

( Rideau )

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30 novembre 2007

Minimal

Monologue

Un homme arrive sur scène : Il a le style fonctionnaire - "officiel " et est  habillé strictement. Il sort un papier de sa poche et va pour le lire.

L'homme
Horizon de ... ( il se reprend et regarde à nouveau le texte ) Le raisin de ...

Il regarde de plus  près et essaie de déchiffrer - il met le nez sur le texte - l'éloigne - le met à la lumière - fouille ses poches de pardessus - de pantalon - poches intérieures - sans rien trouver.
L'homme
Veuillez m'excuser  ...

Il ressort - un temps -
L'homme ( voix off )
Putain ! Qu'est-ce que c'est que ce bordel ? Et où sont les accessoiristes ? ( un temps ) Oui et bien ce n'est pas une raison ! Faut assumer les mecs ! ( un temps ) Mais oui, je sais bien que vous faites votre possible ... ( un temps )  Comment fait on maintenant ? ... On va droit à l'esclandre !  J'ai l'air de quoi, moi ! ( un temps )  Mon problème, mon problème, mais c'est aussi le votre ! ( un temps ) Et puis toi, rigole pas ! Si tu crois que je ne t'ai pas vu ... ( un temps ) Si, tu as rigolé. ( un temps ) Oui, et bien recommence pas ! ( un temps ) Tiens, pour une fois, rends toi  utile  : donne moi ça ( un temps ) Je te dis de me les donner ( bruit de bagarre - un temps )

Le fonctionnaire rentre à nouveau, mais costard défait et déchiré. Il sort à nouveau un papier de sa poche, des lunettes d'une autre.  Il les chausse et s'éclaircit la voix.
L'homme
Rrrrrmmmm ... ( un temps ) Mesdames, messieurs  ( un temps ) En raison d'un arrêt de travail d'une certaine catégorie de personnels, et conformément à la loi, je vous présente le sketch minimum : arrivée sur scène - monologue - rires - sortie - rappel - rideau ....

Rapidement, l'homme ôte ses lunettes, replie son texte et le range.

L'homme
Merci.

Il sort

( Rideau )

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30 novembre 2007

Qu'entendez vous par là ?

Monologue

Un homme entre sur scène, un bonnet sur la tête, lui masquant les oreilles.

C'est grave ... Vous ne me croyez pas ? Pourtant, c'est grave : attendez que je vous raconte : j'ai eu un accident ... terrible ...

Je suis resté paralysé. Vous ne me croyez toujours pas. Vous vous dîtes : il a l'air normal, en pleine forme, qu'est-ce qu'il vient nous raconter ? 

Des oreilles ! Non, ne rigolez pas, c'est grave ... Vous entendez bien : paralysé des oreilles ; hein, vous faîtes moins les malins ! Oh, je vois bien que vous ne vous rendez pas compte de ce que c'est ...

Quand je devais sortir, chez des amis, c'était horrible. J'y pensais des jours à l'avance. A chaque fois la même chose, ça ne loupait pas : " Ah, Maurice ! Toujours aussi boute en train ! Allez, montre nous ce que tu sais faire avec tes oreilles. Ah, sacré Maurice, toujours aussi con  ! "

Comment leur  dire  que  je  ne  pouvais  plus  en  bouger  le  moindre bout ! " Allez, c'est entendu. Tu nous fais marcher, tu joues les modestes et patati, et patata ... "

... Pfff ! Paralysé des oreilles, c'est sur, ils ne m'auraient jamais cru. La honte pour moi et ma descendance.

Je devais réagir, prendre le taureau par les cornes - c'est juste une image : ré-é-du-ca-tion ! Je devais me ré-é-du-quer. Là je vous dis pas, j'en ai bavé !

Déjà, au début, au centre de ré-é-du-ca-tion, ils n'en croyaient pas leurs oreilles : " Paralysé ? Mais qu'entendez vous par là ? " Ils ne voulaient rien entendre, ces cons ! " Allez, vous nous faites marcher , et patati et patata " qu'ils disaient.

Mais je ne l'entendais pas de cette oreille - oui, la gauche,  l'accident m'avait aussi endommagé le tympan gauche - je ne voulais pas lâcher le morceau. Finalement ils ont accepté, mais en me promettant de ne rien dire " Si cela venait à se savoir, on se gausserait de nous, les murs ont des oreilles vous savez, la médisance et patati et patata ...".

J'ai tout accepté. Ah, ça a été dur - de l'oreille : ils m'ont accroché des poids aux lobes, pour faire retrouver l'élasticité, je ne vous dis pas l'horreur ... D'autant plus que cela n'y a rien fait : si vous voyiez la tronche de mes oreilles maintenant :  Un vrai cocker ! Regardez ( Il ôte son bonnet )

Mais au moins j'ai retrouvé un truc pour briller à nouveau en société : on me lance un sucre et hop, je le gobe tout net ... sans les mains !

Si, tenez! ( il prend un sucre se le lance et le gobe )

Allez, tchao, à la prochaine ! Ouah, ouah ! ( il reprend un sucre se le lance à nouveau en  le gobant avant de sortir)

(rideau)

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